Après certains ateliers d’improvisation, je ressors le sourire aux lèvres et une énergie créative presque neuve.
J’ai l’impression d’avoir respiré un bon coup dans un monde trop figé.
Et puis, il y a eu d’autres fois.
Pourtant, il y a aussi eu des moments où je me suis demandé : « Pourquoi je continue à m’imposer ça ? »
L’impro m’a transformé, oui, mais non sans heurts.
Je me souviens très précisément de ce jour de cinquième année où notre professeur a annoncé :
« Aujourd’hui, je vous emmène faire un atelier de théâtre en guise de sortie de classe. »
J’avais dix ans. Deux comédiens nous ont guidés à travers de petites scènes.
J’étais fasciné, ma confiance en soi décollait sans que je ne m’en rende compte.
En rentrant chez moi, la certitude m’a traversé, claire comme l’évidence :
« Je veux être acteur ! »
J’ai annoncé mon rêve à mes parents. Que nenni. J’ai finalement fait des études d’économie (mais ça, c'est une autre histoire).
Mais une force invisible m’a ramené à cette envie, par à-coups.
Une première étincelle à l’école,
une tentative avortée à 20 ans, puis un déclic à 28 ans. Après avoir vu un spectacle d’improvisation,
je me suis dit : « Cette fois, je reprends pour de bon. »
Ce retour à l’impro a été un bouleversement : plaisir immense, fous rires, nouvelles rencontres.
Cliché ? Peut-être. Mais vrai.
Sur scène, j’exprimais ce que je ne pouvais dire ailleurs.
Et hors scène, je tentais d’appliquer ces apprentissages pour renforcer ma confiance en soi.
Arrivèrent les premiers matchs. J’étais aux anges : j’en rêvais depuis si longtemps. Avec mes camarades, on a monté une troupe (la Compagnie Trium')>, créé des spectacles, donné des cours, joué à Avignon , pris des mandats… L’improvisation était devenue ma vie.
Pourtant, comme toute passion, celle-ci a son côté obscur : la fatigue, le doute…
et surtout ce poison silencieux : la comparaison.
Je me mesurais aux autres, à ceux qui "brillaient".
Ils étaient devenus des modèles, mais aussi une source d’angoisse :
« Jamais je n’aurai leur niveau. » Ce besoin de reconnaissance était à la fois moteur et frein,
érodant ma confiance en soi.
« Don’t do your best. Trying to do your best is trying to be better than you are. »
Ne faites pas de votre mieux. Essayer de faire de son mieux, c’est essayer d’être meilleur que l’on est.
Je me la suis répétée avant chaque spectacle. Cette maxime m’a aidé à remettre l’égo à sa place et à arrêter de chercher la perfection.
Mais il y avait encore autre chose que je n’arrivais pas à nommer.
Une sorte de lassitude. Un goût d’habitude. Jouer dans les mêmes cadres,
avec les mêmes mécaniques, sans risque.
Or sans prise de risque, l’impro perd de sa saveur. C’est ce que j’ai compris.
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C’est ça qui m’a redonné envie. Et puis, transmettre. Devenir formateur m’a offert une nouvelle lecture de l’impro, que je n’avais jamais explorée en tant qu’élève. Expliquer un concept m’a permis de mieux le maîtriser et de raviver l’étincelle initiale.
L’improvisation et le théâtre spontané restent des outils toujours en mouvement. Tant qu’il reste des zones d’ombre à explorer, cette pratique continuera de nourrir notre énergie créative et notre confiance en soi.